Divagations en zig-zag

Divagations en zig-zag

a group of abstract shapes on a black background

Créateur, Création, n’est-ce pas tout un?

Publié par Hermann Jenni, le 16 avril 2001


Créateur, Création, n’est-ce pas tout un ?

Selon ce que nous disent les théologiens, la Création est l’oeuvre de Dieu, lequel Dieu est omniscient, omnipotent et omniprésent.

Belle définition en vérité si ce n’est que le propre de la définition est de tracer un contour de la « chose » définie afin de la différencier de ce qu’elle n’est pas et, par conséquent, de la borner.

Or, l’omniprésence est justement une qualité sans borne qui ne laisse place à aucune autre « chose » que celle, unique, qui possède cette qualité.

Quant à l’omnipotence, elle suppose, pour celui qui la détient, l’exclusivité discrétionnaire de tous les pouvoirs est donc l’absence de liberté réelle pour tout être qui ne serait pas Dieu.

L’omniscience, quant à elle, me semble être la plus ennuyeuse des « qualités » prêtées à ce Dieu réputé parfait. Elle exclu la capacité d’apprendre et le progrès vers un futur imprévisible. (Le plaisir d’apprendre est l’apanage de l’ignorant.) Un dieu omniscient doit être un Dieu qui s’ennuie mortellement.

La perfection, dans son sens absolu, est fort heureusement une notion abstraite car son corollaire, l’imperfectibilité, aurait comme conséquence l’impossibilité du progrès comme de la régression. Un Dieu parfait serait immuable et par conséquent serait un Dieu mort.

Mais qui voudrait d’un Dieu mort?

Certes pas les créatures qu’Il a, semble-t-il, faites à son image et qui, pour se venger sans doute de leur évidente imperfection, l’ont imaginé, à leur tour, avec toutes les inconséquences de leurs définitions.

Ressuscitons donc ce Créateur, si semblable à ses créatures et à toute sa Création qu’Il se confond avec elles.

Par conséquent ne craignons pas de lui restituer l’imperfection qui permet le progrès ainsi que le Diable et son train qui nous donnent au moins l’illusion, sinon la certitude, du libre choix dans la distinction que nous opérons entre le »bien » et le « mal ».

Ainsi, la Création s’achève et n’est point achevée; mue par une progression qu’on espère sans fin. Créationnistes et évolutionnistes peuvent continuer leurs controverses en vain car ils observent, chacun d’un point de vue borné, deux aspects d’un seul et unique phénomène.

À l’échelle de l’Univers je crois que, Dieu merci, le septième jour de la Création qui pourrait bien signifier la fin du monde est encore loin, très loin, à l’infini des temps.


Y a-t-il, dans la nature, une loi sans exception ?

Publié par Hermann Jenni, le 25 octobre 2000


Trier, classer, catégoriser, ranger sous étiquettes qui soumettent à des lois, à des analogies, telle est l’occupation essentielle des scientifiques, quelles que soient leurs spécialités.

Pourtant, l’examen poussé des sujets ainsi classés sous une même étiquette révèle immanquablement des différences, d’importance variable, qui obligent à reconnaître des sous-catégories.

Des méthodes d’investigation sans cesse perfectionnées révèlent des différences jusque parmi les objets les plus élémentaires.

Certains atomes ont des isotopes. N’est-il pas concevable qu’une analyse rendue possible au niveau des constituants ultimes de la matière puisse révéler des différences telles qu’il serait peu probable, voire impossible, de trouver deux éléments rigoureusement identiques ?
A un niveau plus complexe qui est celui des cristaux de neige, tous construits sur un plan exagonal, on croit savoir qu’il n’en a jamais existé deux absolument pareils, et pourtant, depuis que notre terre reçoit des flocons, il en est probablement tombé plusieurs fois son volume.

Si cette hypothèse se vérifie, on peut être certain qu’il n’existe aucun organisme vivant qui n’ait sa réplique exacte, et cela, même chez ceux qui seraient issus d’un clonage où, pour imperceptible qu’elle soit, la mutation devrait être la règle.

A la question posée en titre nous pourrions donc répondre :  » La seule loi qui ne comporte aucune exception est qu’il n’existe que des exceptions. « 

Confrontée à cet illogisme que devient notre hypothèse de la « brique » unique ?

Je pense qu’elle garde néanmoins un sens à condition que toutes les combinaisons avec elle-même, qu’elle élabore à l’infini simultanément, diffèrent les unes des autres ainsi que de celles qui précèdent ou qui suivent.
Mais, si cela est vrai, nous voilà avec une deuxième règle qui ne souffre aucune exception sur les bras !

Cela admis (toujours provisoirement) nous pourrons en tirer deux conclusions apparemment contraires :

1) La vertigineuse imagination créatrice de l’Univers dépassera toujours notre entendement. .

2) L’ Ego qui borne nos individualités pourrait bien n’être qu’une limite factice qui, pour une durée infime, nous distinguerait dans cette création constante dont nous serions pour l’Eternité.

Résoudre cette contradiction ne pourait-il pas nous conduire à concilier, enfin, évolutionistes et créationistes?


Liberté… mais surveillée !

Publié par Hermann Jenni , le 8 août 1996


Liberté ! Voilà un grand mot auquel on attribue une grande signification. On est prêt à bien des sacrifices pour ce mot. Sacrifices librement consentis, bien sûr.
Voire !

Qu’est-ce que la liberté? Une faculté de choix, de décision, de refus ou d’acceptation? Mais en fonction de quels critères?

Si, ignorant les paramètres permettant d’apprécier les avantages et inconvénients d’une décision, on s’en remet au hasard, est-ce encore un choix? Où est la liberté ?

Si en revanche, le choix est basé sur la parfaite connaissance de tous les paramètres objectifs pouvant guider et déterminer la décision; y a-t-il encore place pour un libre choix qui ne soit pas irrationnel? Faut-il être déraisonnable pour être libre?

Et pourtant, nous éprouvons, ancré au plus profond de notre être, ce sentiment ou, à tout le moins, cette aspiration à la liberté.

Serait-ce que la liberté ne se résoudrait qu’à une simple distinction des contraintes internes opposées aux contraintes externes davantage ressenties comme devant être subies ?

Cependant, il est plus facile de se soustraire aux contraintes externes que l’on peut fuir qu’à celles de nos caractéristiques intrinsèques dont, bon gré mal gré,nous devons nous accommoder.

Ces contraintes internes peuvent même nous conduire à une soumission totale ou quasi-totale à certaines contraintes externes. Tel est le cas, par exemple du disciple qui, s’étant « choisi » un Gourou pour penser à sa place, le suit désormais sans le moindre discernement.

Sans aller jusqu’à la soumission, corps et âme, à quelque « Führer », le simple souci que nous pouvons avoir de l’opinion d’autrui à notre égard ne nous contraint-il pas en permanence dans notre comportement et notre expression?

Entre les contraintes externes et internes quel espace reste-t’il pour exercer, ne serait-ce qu’une apparence de liberté? Celle qui consisterait en la faculté de mal choisir, délibérément?

Outre le problème de la responsabilité, cette alternative introduit la question de définir le « bien » et le « mal » et de les distinguer l’un de l’autre; sujet qui pourrait être maltraité dans de prochaines divagations en zigzag. Mais revenons à la liberté liée à la responsabilité.

Mythe ou réalité, cette liberté est quelque chose que nous ressentons profondément et à quoi nous tenons d’autant plus qu’elle nous est mesurée.

Une liberté totale n’aurait aucun sens. Ressemblant au vol désordonné d’une plume tombant dans un vent tourbillonnant elle illustrerait l’absence de tout projet et serait plutôt une soumission totale aux hasards de l’existence.

Finalement, je crois que, toute relative qu’elle soit, la liberté n’est pas un concept vide de sens. Elle doit se mesurer au degré de maîtrise de soi qu’acquiert l’individu, compte tenu de toutes ses caractéristiques propres,qu’elles soient génétiques, d’éducation ou d’expérience, pour les combattre ou les développer, ou tout simplement, pour les assumer en pleine responsabilité.

Liberté et responsabilité ne seraient-ils pas simplement deux aspects d’une seule et même notion ? Est-ce réservé exclusivement aux individus parfaitement sains d’esprit ? Je ne renoncerai pas pour autant au pseudo nymeque j’ai librement choisi pour assumer cette rubrique.


La « brique » élémentaire »

Publié par Hermann Jenni, le 11 juillet 1996


Nos savants atomistes sont à la recherche du constituant ultime de toute « chose », notamment au CERN où l’on s’efforce de casser les plus infimes particules pour en séparer les éléments.

Il n’est pas interdit de spéculer, (voire d’élucubrer) sur le résultat possible de ces recherches en se posant quelques questions, quitte à esquisser des réponses toutes provisoires.

1/ De quoi pourrait être « faite » cette brique élémentaire ?

Réponse : Si cette brique était faite elle aurait des constituants et ne serait parconséquent pas élémentaire. Cette brique n’est donc pas faite; elle est, point final. Vouloir qu’elle ait, ne seraient-ce que des « caractéristiques » signifierait déjà qu’elle pourrait n’être pas unique, qu’elle comporterait éventuellement desvariantes. Formidable concentration d’énergie, selon certains ? Peut-être; mais
cela ne saurait nous suffire. Qu’est-ce que cette énergie ?

2/ Que peut-on exclure de cette brique élémentaire ?

Réponse : On ne saurait pas davantage exclure qu’attribuer à cette brique
élémentaire quelque constituant ou caractéristique que ce soit. Exclure c’est déjà tracer un contour, différencier, et donc introduire la pluralité potentielle.

Pour être vraiment élémentaire, cette brique doit être unique au plein sens du terme. Est-il absurde d’imaginer que toute la construction du Cosmos pourrait n’être pas faite d’une infinité de « briques » rigoureusement identiques pour la simple et bonne raison que la pluralité c’est déjà la diversité ?

Alors ? Une seule et unique brique, autant dire rien ! Le néant qui, combiné à lui-même dans une construction dont la complexité s’accroît sans cesse, échafaude l’Infini ! Fantastique ! (ou phantasme)

Objection ! Comment cette particule, ce néant qui n’occupe pour ainsi dire aucun espace pourrait-il se trouver simultanément en deux points différents, à fortiori occuper et constituer tout l’espace ?

Parmi les particules les plus fines et pourtant certainement déjà complexes mises en évidence par nos chercheurs, il s’en trouve qui sont, semble-t-il, dépourvues de masse. Par conséquent leur inertie doit être nulle. Est-il défendu d’imaginer qu’une telle particule puisse être animée d’une vitesse qu’on pourrait qualifier d’absolue et, par conséquent, être douée d’ubiquité parfaite, soit présence simultanée en tout lieu, de l’infini à l’infini ?

La théorie de la relativité élaborée par EINSTEIN nous apprend cependant que l’écoulement du temps n’est pas uniforme et immuable. Il serait inversement proportionnel à la vitesse de l' »objet » dont on mesure la durée.

Prenons donc la liberté de dire que pour une vitesse absolue le temps pourrait bien cesser de s’écouler. Le passé et le futur ne seraient plus séparés par cette limite impalpable et mouvante que constitue pour nous le « moment » présent.

Nous serions alors dans l’Eternité.

Si bien que nous pouvons conclure en toute simplicité que nos savants chercheurs lancés à la poursuite de la brique élémentaire pourraient bien n’aboutir qu’à « tuer le temps », au sens littéral comme au sens figuré de l’expression !

CQFD