Raphaël Thézé est titulaire d’un doctorat et d’un master en Neurosciences de l’Université de Genève et d’un bachelor en Neurobiologie de l’Université McGill (Canada).
Après plusieurs années passées en tant que chercheur pour les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et le Campus Biotech (UNIGE), ainsi que coordinateur de projets événementiels pour diverses institutions, Raphaël Thézé a rejoint le Bureau de la Transformation Numérique en mars 2021, en qualité d’adjoint scientifique.
Voici une brève réflexion sur ce que je pense et que je vois depuis la Suisse en ce XXIe siècle qui a mal commencé.
Le 11 novembre 1918, à 11.00h, les clairons sonnaient sur toute les fronts où se battaient les Allemands et les Français, la fin de la première guerre mondiale ; 1.300 000 soldats français y perdirent la vie, autant du côté allemand.
L’armée française, généraux en tête, défila sur les Champs Elysées pour célébrer la Victoire de la France sur l’Allemagne.
22 ans plus tard en 1940 l’armée allemande, avec Adolphe Hitler en tête, défilait sur les Champs Elysées, pour célébrer la Victoire de l’Allemagne sur la France. Ceci nous rappelle qu’il y a des choses que l’homme n’est pas encore capable définir :
Le temps une utilité, la guerre une réalité et la paix une probabilité.
Parlons de la paix, puisque c’est de cela qu’il est question en ce moment ;
La Paix se fait encore attendre ; malgré les nombreuses tentatives organisées par les Institutions Internationales durant le XXe siècle.
Un moment que la deuxième révolution industrielle du XXe siècle, celle de l’abondance, s’accorda pour passer la tête dans la fente du rideau, qui attendait encore que l’on frappe les trois coups.
Cela était agréable de pouvoir considérer l’espace vivant des ONG, où s’appliquaient, apparemment, les droits de l’homme et où chacun faisait usage de son droit à la liberté d’expression pour parler, entre autres de la Paix.
Hélas, les deux hémisphères du globe terrestre ont montré au XXe siècle et montrent encore, en ce début du XXIe siècle, que les nombreuses tentatives dans le sens de la Paix sont des échecs.
La méchanceté, la cruauté, hypocrisie ne sont jamais en vacances, les médias nous vomissent journellement leurs mauvaises nouvelles.
Tableaux d’horreurs, flots de larmes, profanation des enfants, lapidation des femmes, profits scandaleux, dignité humaine bafouée, flots de réfugiés qui arrivent à Lampedusa sur des embarcations de fortune, des bateaux poubelles abandonnés, après que les occupants ont payé les passeurs criminels.
Sur le plan civique et social, l’on ne se gêne plus pour dire aux « vieux » qu’ils sont de trop.
Sur la scène internationale de la comédie humaine, la violence agit à la sauvette, en traîtrise civile ou militaire, la guerre est devenue crapuleuse, elle ignore les Conventions de Genève et n’ose même plus dire son nom.
Pire, elle se permet de s’appeler : action de pacification, maintien de l’ordre et de la paix, lutte contre le terrorisme, etc… ..avec parfois l’accord de certaines Organisations internationales.
N’est-il pas triste d’entrer à reculons dans le troisième millénaire, de sentir dans le dos, à l’œuvre les Dr Jekyl et Mr Hyde de la mondialisation s’approprier, par la force, la ruse ou la spéculation, les biens qui sont à tous, tels que : l’eau, l’école, les soins et les nécessités de base pour une vie décente pour tous ?
N’est-il pas triste de commencer un nouveau siècle en contemplant les charniers que nous avons laissé : en Arménie, à Auschwitz, à Hiroshima, au Rwanda, à Verdun ; en voyant les milliers de victimes innocentes des mines anti-personel et dans combien d’autres horreurs résultats de la folie meurtrière des généraux et des financiers ; dont les dénominateurs communs étaient : profit, haine entretenue, désillusion, la guerre, la gloire, la souffrance et la mort?
Nous revivons Salammbô de G. Flaubert ; l’instant où les lions et les chacals, les prédateurs, se pourlèchent les babines puis, s’endorment repus ; ici on ne joue pas, on tue et l’on profite !
» Vae victis, malheur aux vaincus ».
Derrière tous ces masques diplomatiques aux orbites vides, il y avait le désir de tuer de ces acteurs qui se sont trompés de rôle parce que le souffleur, les ONG, a été mis en disponibilité pour raison de restructuration, d’inefficacité et de rentabilité.
L’Humanité est-elle conviée sans arrêt à un spectacle qui se joue dans son dos et intitulé” ,
Il était une fois la Paix « .
Une sorte d’opéra de « la mal – bouffe » avec camouflage des faits, maquillage des mots pour occulter les idées – forces de la Paix.
Comédie politico – burlesque qui déguise le bourreau en berger et les cyniques de la raison d’Etat en samaritains des droits de l’homme? La morale et l’éthique nagent-t-elles dans les eaux sales où la méchanceté est portée en triomphe et l’innocence humiliée?
Est-ce cet avenir-là que nous voulons pour le IIIe millénaire, est-ce dans cet opéra plus tragique que comique que nous voulons jouer, nous les membres de la société humaine ?
Si tel est le cas, frappons les trois coups et le rideau se lèvera sur les ruines de la démocratie telles qu’elles apparurent à la communauté internationale, le 11 septembre 1973 qui vit l’assassinat, par les ennemis des droits de l’homme et de la démocratie, du Président Salvador Allende au Chili, par le Général Pinochet et son armée ; aidé par ceux qui, aujourd’hui, aident encore tous ceux qui détruisent la démocratie pour s’accaparer, entre autres, les réserves d’énergie de la planète.
Comme pour tout ce qui vient de l’homme, le jeu est bivalent, manichéen, il peut être la pire des choses et aussi devenir un espoir pour l’humanité, l’antidote à la guerre, le préservatif de la violence.
Heureusement, dans cette écurie d’Augias moderne, l’existence et le développement de très nombreux organismes à caractère humaniste existent; un virus que l’on souhaite contagieux et une approche de réponses aux questions que l’être humain civilisé se pose devant le spectacle de la destruction massive des peuples, pour motifs politiques, religieux, raciaux et économiques.
C’est ce dont nous avons hérité, nous qui avons connu le XXe siècle, le siècle de l’abondance, surtout en victimes, avec deux guerres qui ont fait plus 50 millions de victimes civiles et militaires et la bombe atomique pour le dessert.
Au XXIe siècle, retenons aussi, pour mémoire et par respect pour les petites victimes dont, toutes les 5 secondes un enfant meurt de faim sur la planète avec l’assentiment de tous, y compris de la Communauté Internationale.
Arrêtons les bavardages, les colloques, les réunions dans tous les domaines où les bavards sont les acteurs masqués ; les organisations internationales et les ONG, n’ont plus que des pouvoirs limités, c’est la finance qui dirige le monde et l’être humain ne répond plus à la devise de Descartes
« Je pense donc je suis » mais à « je dépense donc je suis «
Déjà au temps des Grecs, il y en a un qui a dit,
« L’homme pense parce qu’il a une main »
Aujourd’hui,
« L’homme dépense parce qu’il a des mains »
N’est-il pas triste aussi de voir dans l’anonymat de la mondialité, apparaître l’être humain devenu un consommateur obligé dans tous les domaines ? Il s’adapte ou il disparaît !
Peut- on y changer quelque chose ?
Il faut en tout cas essayer humainement parlant et sans retomber dans les inutiles bureaux et bavardages du XXe siècle, qui ont montré leurs inefficacités et leurs inutilités, voire leurs complicités
.
Jouons enfin à nous aimer, à partager, à aider, ce seront les trois coups qui donneront le signal du lever de rideau d’une pièce nouvelle, jouée par des acteurs conscients de leur rôle pour universaliser, sans distinction, le respect de la dignité humaine à la surface de la Terre.
Mettons sur pied une nouvelle » Flûte enchantée « , qui sera comprise par tous, pour qu’hommes et femmes puissent, enfin, se regarder comme également responsable de l’avenir en parcourant ensemble les difficultés de la vie et faire en sorte que la belle histoire de l’humanité continue dans le respect de la dignité humaine ; ce sera la Paix Internationale sans nécessairement un bureau.
Attention, le spectacle est déjà commencé, faufilons-nous dans la foule, sans bruit car le bruit ne fait pas de bien et le bien, lui, ne fait pas de bruit.
Nos agapes, plaisirs, gaspillage, auront – ils un jour un goût assez amer pour que nous devenions suffisamment courageux pour dire, à ceux qui sont responsables du déséquilibre dans le partage des richesses et des guerres en tout genre et maintenant religieuses
C’est assez !
Allez-vous-en ! Nous ne sommes pas de la même espèce que vous, vous êtes des prédateurs, vous êtes nuisibles, cruels, et inhumains ; vous vous accaparez les richesses et l’Autorité pour votre seul profit à court terme.
Vous avez oublié que la plus grande lâcheté est le fait de ceux qui s’attaquent aux plus faibles ; l’Histoire a montré qu’il y avait aussi, des êtres nuisibles, inhumains et nauséabonds dissimulés sous de reluisantes étiquettes et de jolies cravates.
Le plus bel exemple, du XXe siècle, est le génocide commis au Rwanda en 1994 sous les regards de la Communauté Internationale et même de certains membres de l’Eglise catholique. Quel gâchis !
Élie Ducommun, le premier secrétaire du Bureau International de la Paix au XIXe siècle, doit se retourner dans sa tombe, s’il voit que, après plus d’un siècle d’existence, les résultats pour construire la paix sont bien maigres.
Encore un dernier mot, le 10 mai de l’année 1940, j’ai connu et subi l’invasion de la Belgique par les nazis ; j’avais 9 ans et j’ai pu me rendre compte, pendant quatre ans, à quel point l’homme est un être cruel et bestial surtout, lorsqu’il est revêtu d’un uniforme.
Quelqu’un d’entre – vous pourrait-il me donner la signification exacte du mot Paix ? Je me réjouis de lire votre réponse et vous en remercie.
Avec mes amitiés pacifiques et fraternelles et, en attendant la paix retenons ce qu’a dit Horace dans une de ses odes, un siècle avant notre ère,
« CARPE DIEM » Cueille le jour.
Edouard A. Mancini, ingénieur retraité né en 1931.
Nous vivons en effet un moment où tous les fondamentalismes, tous les extrêmes nous désarçonnent, nous interrogent sur la façon de protéger l’Etat de Droit. Un moment qu’un auteur comme Zeev STERNHELL évoquait dans son livre sur les anti-lumières. Un moment qu’Amos Gitai a su saisir, de façon éclairante, dans son film sur les derniers jours avant son assassinat, il y a 20 ans, d’un homme des Lumières, l’ancien premier ministre israélien Yitzhak Rabin.
Je souhaiterais vous communiquer un texte ancien, très court d’Eduardo Galeano qui me vient à l’esprit et que je voudrais partager avec vous.
Journaliste uruguayen, décédé en avril 2015, auteur de nombreux essais, dont son œuvre la plus connue : « les veines ouvertes de l’Amérique latine » Eduardo Galeano est emprisonné à la suite du coup d’Etat militaire de 1973 à Montévidéo et le début d’une des dictatures les plus froides, les plus implacables de cette période, que Denise et moi avons traversé pendant nos 8 années dans ce pays.. Après le coup d’Etat de mars 76, cette fois en Argentine, Eduardo Galeano se voit obligé de s’exiler à nouveau, menacé de mort par les escadrons de la mort. [Il vit à Barcelone, avant de rejoindre l’Uruguay en 1985, lors de la transition démocratique.
Ceux qui travaillent ont peur de perdre le travail
Ceux qui ne travaillent pas ont peur de ne pas trouver du travail
Celui qui n’a pas peur de la faim
A peur de la nourriture
Les automobilistes ont peur de marcher
Et les piétons ont peur de se faire renverser
La démocratie a peur de se souvenir
Et le langage peur de dire
Les civils ont peur des militaires
Et les militaires ont peur de manquer d’armes
Les armes ont peur du manque de guerres
C’est le temps de la peur
Peur de la femme face à la violence de l’homme
Et peur de l’homme face à la femme sans peur
Peur des voleurs
Peur de la police
Peur de la porte sans serrures, au temps sans montres, à l’enfant sans télévision
Peur de la nuit sans cachets pour dormir
Peur du jour sans cachets pour se réveiller
Peur de la multitude
Peur de la solitude
Peur de ce qui fut
Et de ce qui peut être
Peur de mourir
Peur de vivre…
Dans « la danse de la vie » un auteur et philosophe espagnol, Carlos Gonzalez remercia Eduardo par ces mots : « Merci l’ami, pour les graines que tu as semées, nous en prendrons soin jusqu’ à ce que ton nom soit pure essence de l’humanité »
On connaît le philosophe Voltaire (sans doute le plus célèbre de ce 18e siècle pourtant si riche en « lumières » de toutes sortes) pour son anticléricalisme et même pour son athéisme. Voire ! Dans le Traité de la Tolérance, publié en 1763, on trouve cette prière à Dieu qui ne peut laisser indifférents ceux qui se sont engagés dans une voie initiatique.
« Ce n’est plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes, et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité et imperceptibles au reste de l’univers de demander quelque chose à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités.
Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés Hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l’habit est teint en rouge ou violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie ; car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir.
« Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les guerres sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant »
Qui connaît Henrietta Lacks ? Personne, ou à peu près. Et pourtant, nous lui devons tous quelque chose — et pour certains, la vie, ce qui n’est pas rien… L’Histoire de cette femme, relatée par Rebecca Skloot, est d’abord parue chez Radom House, sous le titre «The immortal life of Henrietta Lacks ». Puis, en janvier dernier, en langue française, chez Calmann-Lévy.
Résumer le destin d’Henrietta Lacks, c’est se condamner à ressasser les mots « femme », « noire », « cobaye », « médecine » sans pour autant communiquer l’essentiel. Car c’est post mortem qu’elle a acquis.
Résumons cette exceptionnelle histoire: en février 1951, Henrietta Lacks, une pauvre femme noire de 31 ans, qui a longtemps travaillé dans les champs de coton, comme ses ancêtres esclaves, est admise à l’hôpital Johns Hopkins de Baltimore. Créé à la fin du XIXème siècle à la suite d’un legs philanthropique, Johns Hopkins (devenu l’un des plus prestigieux centre de recherche médicale) a obligation, pour respecter la volonté du testateur, d’accueillir des patients indigents, sans distinction de race, qui n’ont pas les moyens de payer leurs soins — id est : des noirs, pour l’essentiel. Henrietta se plaint de douleurs au ventre. On lui diagnostique un cancer de l’utérus. Les médecins, sans lui demander son avis (ce qui, à l’époque, n’est pas illégal), lui prélèvent quelques cellules saines, ainsi que quelques cellules de sa tumeur. En ce début des années 1950, les laboratoires du monde entier tentent de décrocher le Graal : la culture de cellules humaines, pour développer les expériences in vitro. Mais tout rate, partout : quand par miracle les cellules survivent en éprouvette, elles ne se reproduisent pas. On a pourtant tout essayé pour les nourrir : du sang de fœtus de bovin, du sang de poulet, du sang de cordon ombilical humain… Rien n’y fait.
C’est donc sans grand espoir que les médecins tentent de cultiver les cellules d’Henrietta Lacks. Ses cellules saines meurent d’ailleurs rapidement. Mais ses cellules malignes survivent. Et, miracle, elles se reproduisent à une vitesse vertigineuse. Le cancer d’Henrietta est lui-même foudroyant. Elle meurt le 4 octobre 1951, dans d’atroces souffrances. Mais, entre-temps, ses cellules ont déjà commencé de conquérir le monde, sous le nom de code HeLa (les deux premières lettres de ses nom et prénom). Les cellules HeLa iront partout : elles traverseront la Cordillère des Andes à dos de mulet, elles prendront l’avion, le bateau, la voiture… la NASA les enverra dans l’espace… Il est impossible, aujourd’hui, d’estimer leur nombre. Une chose est sûre : il faudrait compter en milliards de milliards. Et elles continuent de se reproduire dans tous les laboratoires, où elles sont employées aussi bien par la médecine que par l’industrie cosmétique. Les cellules HeLa ont servi à percer les mystères du génome humain, elles ont servi à mettre au point le vaccin contre la polio, et j’en passe, et j’en passe. Bref, elles sont devenues, selon le mot de Rebecca Skloot, « la bête de somme de la biologie ». Dès les années 1960, des journalistes scientifiques avertis des miracles opérés grâce aux cellules HeLa souhaitaient informer le grand public de cette aventure peu banale. Ils désiraient donc « connaître les éléments fondamentaux liés au côté humain de l’affaire ». En clair : savoir la personne qui se cachait derrière l’appellation HeLa — on savait juste que c’était une femme de race noire. Le laboratoire qui avait prélevé les cellules refusa, de crainte « de s’attirer des ennuis en le révélant » (sic).
En 1973, un chercheur publiait une petite annonce dans la prestigieuse revue Nature : « Cette femme a véritablement atteint l’immortalité, à la fois dans les tubes à essai et dans le cœur des scientifiques du monde entier. Pourtant, nous ne connaissons pas son nom ! Quelqu’un a-t-il la réponse ? » Pour contrer la curiosité grandissante, le laboratoire lança des fausses pistes, évoquant une Helen Lane ou encore une Helen Larson, qui bien sûr n’avaient jamais existé.
Ce n’est qu’à la fin des années 1990 que le nom d’Henrietta Lacks fut — timidement — dévoilé. Pour Rebecca Skloot, jeune journaliste scientifique, ce fut une révélation. Le grand œuvre de sa vie : elle allait restituer la biographie d’Henrietta, soldate inconnue morte au champ d’honneur de la science. L’entreprise lui a pris dix ans. Le résultat est admirable par quelque bout qu’on le prenne : c’est un formidable travail d’enquête journalistique, c’est un formidable témoignage humain. Le point d’orgue de l’émotion est sans doute atteint quand, grâce à l’entremise de Rebecca, Debborah, la fille d’Henrietta, est admise dans un laboratoire pour observer les cellules de sa mère au microscope, et que celles-ci se reproduisent sous leurs yeux.
Depuis soixante ans, les cellules d’Henrietta Lacks ont donné lieu à un commerce lucratif, et enrichi nombre de personnes à travers le monde (car bien sûr, les cellules HeLa ne se donnent pas : elles se vendent…). Mais la famille d’Henrietta, elle, est toujours aussi pauvre, et n’a toujours pas les moyens de se payer le médecin… Ce livre apporte tant de révélations (on est abasourdi, par exemple, d’apprendre que dans les années 1950, les cellules HeLa ont été inoculées à des humains non avertis — de préférence des femmes pauvres ou des détenus…) qu’il pose de multiples questions. Il devrait aussi faire réfléchir tous les eugénistes, car c’est quand même une négresse misérable et souffreteuse, rongée par les maladies vénériennes, qui aura contribué à l’élévation de l’espérance de vie de toute l’humanité…
…Aussi, quelle que soit sa morphologie et la pigmentation plus ou moins prononcée de son épiderme, tout être humain devrait désormais considérer qu’il appartient à la famille d’Henriette Lacks
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