Conférence de Pierre Alain

Déjeuner-débat à Genève

(D&DS)

Saison 2022-2023

Vendredi 2 juin 2023

au

6, rue de la Scie 1207 Genève

Nous aurons l’honneur de recevoir

Pierre Alain

Pierre Alain

Auteur, compositeur, chansonnier, président de L’Alliance française et de l’Académie romande, consultant de l’Académie française à Paris

sur le thème

La création

Comment trouve-t-on l’inspiration?

Qu’est-ce qui met la puce à l’oreille du chercheur, écrivain, poète, compositeur, ingénieur, biologiste, scientifique, neuroscientifique, de l’inventeur en général pour qu’il découvre quelque chose de nouveau, de magnifique, d’amusant et parfois d’efficace au point de modifier la face du monde?

Pierre Alain nous livrera les sources étonnantes de l’inspiration, en particulier de la sienne. Difficile de dissocier la vie d’un créateur de ses créations! Dans son exposé, l’artiste nous confiera quelques anecdotes d’ordre comportemental intime, peut-être amusantes pour nous bien que troublantes pour l’entourage.


Dialogue & Démocratie Suisse tiendra son Assemblée Générale Ordinaire le même jour à 11h. Tous les Sœurs et Frères sont les bienvenus mais seuls les membres à jour de leur cotisation auront le droit de voter.


11h45 Accueil

12h00 Repas

13h00 Déjeuner-débat

Débats réservés aux Francs-maçons et Franc-maçonnes

Soyez les bienvenu(e)s.


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Conférence de Fereidoun Aazam-Zanganeh

Déjeuner-débat à Genève

(D&DS)

Saison 2022-2023

Vendredi 12 mai 2023

au

6, rue de la Scie 1207 Genève

Nous aurons l’honneur de recevoir

Fereidoun Aazam-Zanganeh

Fereidoun AAZAM-ZANGANEH

Licencié es lettre, politologue, président du CIDH à Genève, entrepreneur

sur le thème

3000 ans de civilisation et droits de l’homme en Iran et terrorisme islamique

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Conférence de André Borowski

Déjeuner-débat à Genève

(D&DS)

Saison 2022-2023

Vendredi 10 mars 2023

au

6, rue de la Scie 1207 Genève

Nous aurons l’honneur de recevoir

André Borowski

André BOROWSKI

Installé à Genève, André Borowski est amateur de sciences (physique, astronomie, biologie…), d’histoire (particulièrement celle du XXe siècle et des religions) et d’économie. Il a une longue pratique professionnelle dans des domaines techniques variés. L’athéisme revêt pour lui une forme d’évidence, encore renforcée après le 11 septembre 2001.

sur le thème

Critères de démarcation séparant croyances et connaissances scientifiques  

Les États se doivent de lutter contre toute forme de croyance religieuse et promouvoir la seule approche scientifique et rationnelle. C’est le prix à payer pour éviter la prolifération des partisans de la terre plate et éviter la perpétuation des massacres. Mais qu’est-ce qui est scientifique et ne l’est pas ? Considération sur les pathologies religieuses, y répond.

André Borowski dès son plus jeune âge, est amateur de science. Son intérêt se porte en particulier sur la physique, l’astronomie et la biologie. Des domaines de connaissances auxquelles s’ajoute celui de l’histoire– celles des religions et du XXe siècle ont sa préférence ainsi qu’une touche d’économie et de philosophie. Dans ce contexte, l’athéisme revêt pour lui une forme d’évidence.

Le 11 septembre 2001, ses convictions se renforcent. Germe alors le projet de leur donner une forme spécifique. Près de 20 ans plus tard naît « Considérations sur les pathologies religieuses », un livre de plus de 300 pages qui, loin de se vouloir redresseur de torts contre les vilains curés, se présente non sans un brin d’utilitarisme comme une « boîte à outils pour tous ceux qui comprennent les dangers des croyances religieuses et identitaires », quelles qu’elles soient.

Résumé

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Un cartel des religions étend son influence en Europe

Photo Of Camels On Dessert

Un cartel des religions étend son influence en Europe, depuis 2012 à partir de Vienne, sur un front anti-laïque, en masquant sa véritable nature.

Publié par Gérard FELLOUS – 28 Octobre 2015

Un cartel des religions étend son influence en Europe, depuis 2012 à partir de Vienne, sur un front anti-laïque, en masquant sa véritable nature.

Lors d’une rencontre exceptionnelle avec le pape Benoit XVI en 2007, le roi Abdallah d’Arabie saoudite lançait un projet d’institution internationale de dialogue inter-religieux. Cinq ans plus tard, le 26 novembre 2012, vit solennellement le jour au palais d’Hofburg de Vienne, le  « Centre international pour le dialogue interreligieux et interculturel  Abdullah Bin Abdulaziz », le KAICIID, en présence du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, et sous la triple égide des Etats fondateurs,  l’Arabie saoudite, l’Autriche et l’Espagne.

Dans un communiqué diffusé lors de son ouverture, il était précisé que ce Centre vise à « encourager le dialogue entre les adeptes des différentes religions et cultures du monde entier. » Il est financé sur un budget de 15 millions d’euros pour ses trois premières années d’existence, par le souverain d’Arabie saoudite qui a également acheté, à titre privé, le palais viennois qui abrite les locaux. Il a obtenu en échange un statut d’organisation internationale, avec immunité et exemptions fiscales. 

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Prière de Voltaire

Prière de Voltaire

FRANCOIS-MARIE AROUET – Voltaire (1694 – 1778)

PRIÈRE À DIEU

On connaît le philosophe Voltaire (sans doute le plus célèbre de ce 18e siècle pourtant si riche en « lumières » de toutes sortes) pour son anticléricalisme et même pour son athéisme. Voire ! Dans le Traité de la Tolérance, publié en 1763, on trouve cette prière à Dieu qui ne peut laisser indifférents ceux qui se sont engagés dans une voie initiatique.

« Ce n’est plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes, et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité et imperceptibles au reste de l’univers de demander quelque chose à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités.

Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés Hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l’habit est teint en rouge ou violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie ; car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir.

« Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les guerres sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant »

Dialogue et Démocratie Suisse

Nous nous engageons

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Texte de l’Appel « Nous nous engageons… »

Publié par Autorités religieuses Lyon – 18 Février 2015

Texte de l’Appel «Nous nous engageons … » proclamé, place Bellecour, le 1 er octobre 2014, par les responsables des religions de Lyon

Reconnaissons humblement que les événements actuels ne sont pas que la faute des autres. Par le silence ou l’indifférence des uns, la compromission des autres et les louvoiements en matière de stratégies politiques et d’idéologies religieuses, nous portons une part de responsabilité. * Aujourd’hui, avec force, à travers différents appels et déclarations, les principaux responsables des communautés juives, chrétiennes et musulmanes ont dénoncé les violences à l’égard des minorités et reconnu le droit à tous de pouvoir rester et vivre librement sur leurs terres, dans la dignité et la sécurité, et à pratiquer leur foi. Mais il nous faut aller plus loin, à savoir nous engager ensemble, juifs, chrétiens et musulmans, là où nous vivons, à œuvrer au quotidien pour être des artisans de paix et de justice, pour faire reculer l’extrémisme, la persécution et le mépris de l’autre. Aussi:

  • Nous, diacres, évêques, imams, muftis, prédicateurs laïcs, pasteurs, prêtres, rabbins, nous nous engageons à travers nos prédications à promouvoir le respect de l’autre croyant et à inviter nos fidèles à être des citoyens actifs pour contribuer à une société fraternelle et solidaire;
  • Nous, enseignants, formateurs, éducateurs et catéchètes, nous nous engageons à favoriser auprès des enfants et des jeunes l’ouverture, le respect et la connaissance des autres cultures;
  • Nous, responsables d’institutions et de mouvements, nous nous engageons à favoriser l’écoute, le dialogue et le débat franc et respectueux qui conduit à l’estime mutuelle;
  • Nous, écrivains, journalistes, responsables de publication, nous nous engageons à développer dans nos médias une culture de paix et de citoyenneté, et à relayer toute initiative, action ou information invitant à la fraternité humaine;
  • Nous, élus et militants politiques, nous nous engageons à respecter, défendre et promouvoir, concrètement et pour tous, les valeurs qui fondent notre République: Liberté, Egalité, Fraternité;
  • Nous, syndicalistes, ouvriers, artisans et chefs d’entreprise, nous nous engageons à soutenir les projets qui permettent aux jeunes de s’ouvrir aux autres, pour aller au-delà des idées reçues, s’enrichir des différences et trouver leur place dans la société;
  • Nous, artistes, cinéastes et réalisateurs, nous nous engageons à initier et promouvoir des spectacles musicaux, films et pièces de théâtre qui promeuvent la culture du dialogue, l’écoute de l’autre et l’acceptation des différences;
  • Nous, intellectuels, éditeurs et penseurs, nous nous engageons à encourager toutes les initiatives de rencontres (forum, colloque, débat…), publications et espaces de réflexion qui favorisent le vivre-ensemble et luttent contre toutes les formes de rejet et d’extrémisme;
  • Nous, parents, nous nous engageons à transmettre à nos enfants ces valeurs millénaires que nos textes sacrés nous ont transmises, tel que le pardon, la miséricorde et la fraternité;
  • Nous, militants associatifs de tous horizons, nous nous engageons à développer les activités, loisirs et rencontres susceptibles d’apporter aux jeunes et aux enfants l’équilibre psychologique, spirituel, physique et intellectuel dont ils ont besoin.

Vous qui lisez ce texte, qui veut être une charte à l’engagement concret au quotidien, soyez nombreux à nous rejoindre! Ainsi, croyants, citoyens, de toutes générations, nous nous engagerons ensemble, dans notre quotidien, à favoriser des attitudes de dialogue et de respect de l’autre pour construire ensemble un monde de paix.

Cardinal Philippe Barbarin, Archevêque de Lyon

Père Eklemandos, Eglise copte orthodoxe

Révérend Ben Hading, Eglise anglicane de Lyon

Père Garabed Harutyunyan, Eglise Apostolique Arménienne

Monsieur Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon

Père Nicolas Kakavelakis, Eglise orthodoxe grecque de Lyon

Monsieur Joël Rochat, Président du Consistoire du Grand Lyon de l’Eglise protestante unie de France

Monsieur Richard Wertenschlag, grand rabbin de Lyon

Lecture politique de la Bible

Lecture politique de la Bible

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Voici un extrait d’une interview d’Armand Laferrère parue dans Le Figaro Magazine. Je n’y ajoute aucun commentaire personnel !
Ce Normalien, énarque, conseiller à Cour des comptes et membre du comité de rédaction de la revue, cet éminent connaisseur des Ecritures nous offre une lecture politique de la bible.
Armand Laferrère nous plonge avec clarté et érudition dans les textes qui ont légué à l’humanité le principe selon lequel, du fait de la tendance de la nature humaine à faire le mal, tout pouvoir politique doit être limité. Une belle occasion pour relire la Bible et découvrir, derrière l’œuvre littéraire et spirituelle, des leçons fondamentales pour notre temps. Et un vibrant plaidoyer pour la liberté des hommes.
Notre temps n’est pas très favorable aux religions monothéistes, attaquées par les athées comme par les dénonciateurs du fondamentalisme. Pourquoi revenir à la Bible, surtout pour en faire une lecture politique?


Armand Laferrère. – Parce que l’idée, récemment revenue à la mode, selon laquelle la Bible serait la source du totalitarisme, n’est qu’une vieille lune sans aucun fondement dans le texte biblique. On la considérait déjà comme un cliché démodé au XVIIIe siècle! Il y a eu, bien sûr, des dictatures qui se disaient chrétiennes. Mais la cause n’est pas dans la Bible: elle est dans la nature humaine, qui pousse tous ceux qui ont le pouvoir à vouloir en abuser. Les véritables totalitarismes – le nazisme et le communisme – ont toujours considéré, et avec raison, la Bible comme la plus grande ennemie de leurs ambitions démentes. Il y a à cela une raison précise: les textes bibliques comprennent, en plus de leur contenu spirituel, une réflexion longue et sophistiquée sur le pouvoir politique. Les conclusions de cette réflexion sont sans ambiguïté. La Bible répète sans cesse qu’il faut se méfier des hommes de pouvoir, quels qu’ils soient, parce qu’ils ne peuvent pas échapper à la tendance au mal qui est au centre de la nature humaine. Elle appelle à voir les princes tels qu’ils sont vraiment, dans toute leur humanité, et non dans la lumière trompeuse que leur donnent les oripeaux de leur fonction ou la faveur des peuples. Et surtout, elle insiste constamment sur la nécessité de rabaisser leurs prétentions et de diviser le pouvoir entre plusieurs sources. Comme le dit le psaume 146: «Ne placez pas votre confiance dans les princes.»


Que l’Ancien Testament soit un livre politique, passe encore: c’est après tout l’histoire d’un peuple, et tout peuple doit se poser la question du pouvoir. Mais peut-on vraiment parler de politique à propos de Jésus? N’est-il pas exclusivement un maître spirituel?

En bon héritier de la tradition juive, Jésus est à la fois un maître spirituel et un maître temporel. Relisez Les Béatitudes: à l’exception de la première et de la dernière (les «pauvres en esprit», c’est-à-dire les découragés, et les persécutés, pour lesquels il est trop tard pour toute consolation en ce monde), toutes les récompenses promises aux disciples de Jésus peuvent au moins s’interpréter de deux manières: à la fois comme un réconfort spirituel et comme une amélioration bien réelle, dès ce monde-ci, de la condition des hommes. Quand Jésus dit que les doux «hériteront la terre», c’est bien de la terre qu’il parle. Comment se fera ce renversement du pouvoir? Le génie de Jésus est d’avoir compris que la domination romaine – si forte qu’elle ne pouvait craindre aucune révolte armée – pourrait pourtant être mise en échec si ses disciples, au lieu de chercher à se révolter, modifiaient leur propre comportement. En créant une société parallèle – une société où les distinctions de classe et de rang de la société romaine laissent la place à l’amour réciproque et à une bienveillance mutuelle entre tous les disciples -, les chrétiens sont parvenus à mettre en échec, plus profondément que toute révolte n’aurait pu le faire, le fonctionnement brutal et inégalitaire de l’Empire.

L’approche biblique de la liberté politique est-elle transposable à notre époque?

Il y a beaucoup de leçons applicables à notre époque – comme d’ailleurs à toutes les époques, car la pratique du pouvoir ne varie pas tant que cela à travers les siècles. Si je devais en retenir une seule, je choisirais l’insistance que met le texte biblique à décrire les hommes de pouvoir dans leurs motivations réelles – avec leurs faiblesses personnelles, leurs cruautés et leurs mesquineries – et non à travers le prisme d’une idéologie ou d’un idéal politique. Lorsque le premier livre de Samuel décrit la prise du pouvoir par David, il ne décrit pas un affrontement de principes ou de concepts. Il s’étend, au contraire, sur le détail de toutes les tactiques politiques, de toutes les trahisons et de tous les mensonges qui ont permis à David d’atteindre son but. De la même manière, le livre d’Esther, qui raconte comment les Juifs de Perse ont échappé au massacre prévu pour eux par le vizir Haman, fait une description limpide des manœuvres que la reine Esther et son oncle Mardochée mettent en place pour sauver leur peuple. Quand on lit ces textes, on comprend le fonctionnement réel du pouvoir. Au contraire, quand on lit les nombreux auteurs qui veulent réduire les luttes politiques à des luttes de principe – réaction contre progrès, aristocratie contre démocratie, nationalisme contre socialisme, que sais-je encore -, on se berce de concepts un peu creux et on ne comprend pas grand-chose.

Dans votre livre, vous parlez du prophète Amos qui reproche aux riches de spolier et de brutaliser les pauvres. La Bible serait-elle de gauche, voire d’extrême gauche?


Bien sûr que non, la Bible n’est pas de gauche. Prétendre le contraire serait évidemment un anachronisme. Si j’utilise ce mot dans le cas particulier du prophète Amos, c’est parce que la rhétorique très particulière de ce prophète a été l’une des inspirations de la gauche occidentale jusqu’à nos jours. Amos ne se contente pas de dire qu’il faut aider les plus faibles: tous les auteurs de la Bible sont d’accord sur ce point. Il est en revanche le seul à croire, ou à faire semblant de croire, que les riches ne sont riches que parce qu’ils ont volé l’argent des pauvres. Amos hait tellement les riches qu’il nie leur humanité et traite leurs femmes de «génisses». Il annonce que les riches finiront par être punis dans un grand mouvement de violence. Toutes ces figures de style – nous le voyons tous les jours – ont eu une longue postérité dans la gauche occidentale. Bien sûr, la plupart des héritiers lointains d’Amos ne l’ont jamais lu et seraient très surpris – peut-être choqués – qu’on leur révèle qu’ils s’inspirent de sources bibliques.
Iriez-vous jusqu’à dire que la Bible est de droite?
Là aussi, il faut se méfier des anachronismes. La Bible a inspiré des mouvements de gauche comme de droite. Plusieurs de ses enseignements – l’égale dignité de tous les hommes, l’obligation de venir en aide aux plus faibles – sont acceptés, aujourd’hui, par les deux écoles de pensée. Et pourtant, ce n’est pas par hasard que la droite est généralement, de nos jours, plus à l’aise avec le texte biblique que ne l’est la gauche. La gauche fait preuve d’une confiance confondante en l’Etat. Elle continue à croire que si on donne suffisamment de pouvoir politique à une élite choisie, on pourra faire disparaître l’hostilité entre les peuples, l’inégalité entre les hommes, les préjugés et l’ignorance. Quand on est animé par une telle foi, on n’aime pas se faire rappeler à la réalité par le texte biblique qui dit avec l’Ecclésiaste que toutes les ambitions du pouvoir ne sont que «vanité et poursuite du vent», ou avec Jésus que «les pauvres seront toujours avec vous». Pour croire aux promesses de la gauche, il faut avoir plus de foi – de foi en l’Etat, bien sûr – que la Bible ne peut en offrir.

Conférence de André Moser

Déjeuner-débat à Genève

(D&DS)

Saison 2010-2011

Vendredi 13 mai 2011

au

6, rue de la Scie 1207 Genève

Nous aurons l’honneur de recevoir

André Moser

André MOSER

Retraité, ancien ingénieur en génie-chimique, ancien Conseiller municipal, président cofondateur de Dialogue & Démocratie Suisse, président du Cercle-Condorcet-Voltaire du pays de Gex et de Genève, président des Cuisines scolaires Pâquis-Plantaporrêts, membre du Forum d’agglomération du Grand Genève.

sur le thème

La laïcité, une tolérance nécessaire

11h45  Accueil

12h10 Repas

13h00 Déjeuner-débat

Débats réservés aux Francs-maçons et Franc-maçonnes

Soyez les bienvenu(e)s.

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Questions sur les formes de terrorisme

man in black and brown camouflage uniform holding red smoke

Définitions, questions et réponses sur les formes de terrorisme.

par Arnaud BLIN, Spécialiste de géopolitique et de politique américaine.

Ancien directeur du Centre Beaumarchais (Washington),
ancien chercheur à l’Institut diplomatie et Défense (Paris),
actuellement chercheur à l’Ecole de la paix(Grenoble).
co-auteur de L’histoire du terrorisme de l’antiquité à Al-Qaïda (éd. Michalon)

Le Terrorisme est-il un phénomène nouveau ?


On a tendance parfois à penser que le terrorisme est un phénomène nouveau : ne lit-on pas aujourd’hui qu’il constitue la plus grande menace du 21e siècle ? Bien entendu, cette idée pourtant répandue est fausse. L’usage de la terreur, par les régimes en place ou par des groupes cherchant à s’emparer du pouvoir ou à déstabiliser un adversaire est presque aussi vieille que les luttes de pouvoir. Parmi les exemples les plus anciens, citons celui des icarii (ou Zélotes) au 1er siècle qui utilisent la technique du terrorisme pour tenter de repousser l’envahisseur romain. Plus célèbre, le cas de la secte des Assassins (ou Hashshashin) au Moyen Age, démontre le potentiel de longévité d’un groupe terroriste qui, pourtant, n’a jamais réussi à s’octroyer le pouvoir politique recherché malgré plusieurs attentats retentissants. Le terrorisme moderne, né au 19e siècle, s’est manifesté sous une multiplicité de formes, avec plusieurs vagues d’attentats au moins aussi sérieuses que celle que nous connaissons aujourd’hui, et qu’illustre la liste impressionnante des chefs d’États et têtes couronnées victimes d’attentats terroristes au tournant du 19e-20e siècle. Rappelons que c’est par un attentat terroriste, celui de Sarajevo en 1914, que s’est embrasée l’Europe. Il suffit de lire l’Agent secret de Joseph Conrad pour s’apercevoir à quel point le terrorisme d’il y a cent ans fonctionne selon les mêmes mécanismes que le terrorisme contemporain

Existe-t-il une définition du terrorisme ?


Dans la mesure où le terrorisme est un phénomène à la fois complexe et multiforme, il est extrêmement compliqué de trouver une définition simple qui décrive bien la problématique. A en croire certains spécialistes, on aurait répertorié plus d’une centaine de définitions. L’ONU est à l’heure actuelle incapable de s’accorder à une définition. Le groupe de « sages » qui s’est réuni récemment sous l’égide des Nations Unies (Novembre 2004) a opté pour une définition mettant l’accent sur les civils comme cible privilégiée de groupes ayant pour but de « d’intimider une population, ou d’obliger un gouvernement ou une organisation internationale à agir, ou à ne pas agir. »

La dichotomie civils/militaire est importante mais elle n’est pas à mon avis fondamentale. J’aurais plutôt tendance à insister, comme Raymond Aron et d’autres, sur l’aspect psychologique de la technique terroriste. Car ce qui caractérise le phénomène terroriste est avant tout l’asymétrie presque totale entre les effets psychologiques recherchés et les moyens physiques employés. Le fait que les civils soient aujourd’hui les cibles presque exclusives des terroristes n’est que l’effet de cette asymétrie. Les terroristes ne pouvant s’attaquer aux forces armées, faute de moyens (sauf dans le cadre particulier d’une insurrection comprenant la guérilla), ils sont obligés de s’attaquer à d’autres cibles, y compris, logiquement, les civils.

Par ailleurs, le but des terroristes étant généralement de déstabiliser un pouvoir politique, ils jouent avec une opinion publique particulièrement sensible aux problèmes d’insécurité. Ajoutons aussi que dans le cadre de l’évolution de la démocratie qu’a connu le monde au cours des deux derniers siècles, le citoyen est une figure aussi représentative de l’État que ne l’est le gouvernant, et plus vulnérable aussi, ce qui explique pourquoi les gouvernants ont laissé place aux civils anonymes comme cible privilégiée des terroristes. Pour résumer, je proposerai moi-même cette définition (imparfaite comme toutes les autres) : un acte terroriste est un acte politique dont le but est de déstabiliser un gouvernement ou un appareil politique, où les effets psychologiques recherchés sont inversement proportionnels aux moyens physiques employés et dont la cible principale, mais non exclusive, est la population civile.

Existe-t-il une différence fondamentale entre le terrorisme « politique » et le terrorisme « religieux » ?


Depuis 1979 et la révolution iranienne est apparu le phénomène du terrorisme islamiste qui a supplanté le terrorisme d’inspiration marxiste-léniniste des années 1960 –1970. Dans l’histoire, si l’on exclut le cas de la secte des Assassins, le terrorisme est principalement un terrorisme « non-religieux » ou si l’on préfère, laïc.

Il apparaît que les terrorismes ont une chose en commun dans l’histoire : le projet politique, réaliste ou pas, qui anime pratiquement tous les groupes employant la technique terroriste, y compris les anarchistes. Seule exception à la règle, peut-être, les nihilistes russes de la fin du 19e siècle, immortalisés par Dostoïevski dans Les Possédés, à travers la figure de Sergeï Netchaïev, mais dont l’impact fut quasiment nul, et qu’on a tendance à confondre avec les populistes et anarchistes russes de la même époque, qui eux commirent beaucoup d’attentats. Or, dans pratiquement tous les cas de figure, se greffe à ce projet politique une idéologie qui peut prendre plusieurs formes : marxiste, anarchiste, fasciste, nationaliste, et fondamentaliste religieuse. Le terrorisme islamisme appartient à cette dernière catégorie, comme d’autres formes de terrorisme fondamentaliste.

La dimension religieuse du terrorisme, s’il elle est importante n’est pas, à mon sens essentielle. Elle est importante car la religion offre une base plus large que l’idéologie séculaire ainsi qu’une plus grande source de légitimité. En ce sens, le terrorisme d’inspiration religieuse se rapproche plutôt du terrorisme d’inspiration nationaliste : forte identification à un groupe ; désir profond de changer le statu quo politique ; souvent aussi, de revenir à un âge d’or passé (communauté des croyants, État indépendant) plutôt que d’accéder – plus rapidement – à une nouvelle étape de l’histoire.

Pourquoi le terroriste de l’un est-il le combattant (de la liberté, de Dieu, etc…) de l’autre ?


Aucun groupe ou individu ne s’affiche comme étant « terroriste ». Le terrorisme étant avant tout une technique, le « terroriste » est tout simplement celui qui emploie cette technique à des fins diverses qui peuvent paraître légitimes pour les uns, immorales et abominables pour les autres. Le terrorisme se situant dans la sphère de la guerre psychologique, c’est donc sur ce théâtre que se joue la partie, où les renvois d’images comptent pour une bonne part de la réussite. Le « terroriste » cherche généralement à affaiblir l’État qu’il combat en projetant une image négative de son adversaire (faible, illégitime, corrompu, etc…).

L’État tente de son côté de renvoyer une image négative de son adversaire afin d’éviter qu’il ne génère un soutien populaire : le « terroriste » est immoral, irrationnel, barbare, stupide, fanatique, etc…. Or, dans les esprits, le terme « terroriste » est le symbole de cette image négative, que les Etats engagés dans la lutte terroriste ne vont cesser d’amplifier, souvent à l’aide des médias, ces derniers faisant partie intégrale de ce jeux à trois. Rappelons qu’au moment même où Lénine lançait les premières campagnes de terreur de l’URSS – Staline ne fit que suivre le chemin tracé par son illustre prédécesseur -, il s’en prenait d’abord à ceux qu’il qualifiait de « terroristes » (anarchistes, etc.. ) .
Nous touchons ici à la dimension morale du terrorisme (que capte remarquablement la pièce d’Albert Camus, Les Justes, basée sur un incident réel). Si l’on s’en tient à une éthique de type kantien, l’emploi du terrorisme est par définition immorale, et rien ne peut la justifier. En revanche, une éthique fondée sur les conséquences de l’acte offre un champ beaucoup plus ouvert : ainsi le terrorisme pratiqué dans le contexte des luttes anti-coloniales apparaît-il aujourd’hui, pour certains du moins, comme foncièrement moral, ou tout au moins comme non immoral.

Dans le cadre d’un conflit asymétrique du faible au fort, l’emploi de la terreur peut éventuellement se justifier. Néanmoins, la présence de vastes zones grises fait qu’il est parfois très compliqué de donner la mesure exacte de l’acte. Pour exemple : est-il légitime que le Hamas ait recours au terrorisme ? Ou encore, Israël est-il un État terroriste ? De toutes manières, il est évident que la plupart des terroristes se perçoivent comme des justes agissant pour une cause supérieure où la fin justifie les moyens. S’il est difficile de trancher sur le vif, il semble toutefois que l’Histoire parvienne à faire la part des choses, tout au moins à légitimer certains actes terroristes (cas de l’Irlande autour des années 1920 ; de l’Inde, du Kenya, de l’Algérie et d’autres durant la décolonisation). Enfin, le terme « terroriste », aussi imparfait soit-il, est plus facile à utiliser que, par exemple, « groupe utilisant l’arme du terrorisme », ce qui explique aussi pourquoi ce terme ambigu est employé dans le langage courant, y compris par l’auteur de ces lignes.

Le terrorisme de destruction massive présente-t-il un réel danger aujourd’hui ?


La fin de la guerre froide a vu disparaître la menace d’un cataclysme nucléaire qui pesait sur le monde tel l’épée de Damoclès. A cette menace se sont substitués deux dangers susceptibles de bousculer le monde relativement sûr des grandes zones industrialisées : la prolifération nucléaire (et des armes de destruction massive) et le terrorisme. Il était logique que ces deux menaces fassent l’objet d’un regroupement représentant la menace ultime contre la paix dans le monde : le terrorisme de destruction massive. Pour des raisons principalement politiques, provoquées en partie par les attentats du 11 septembre 2001 et par l’arrivée au pouvoir la même année des « néo-conservateurs », cette menace constitue désormais le cheval de bataille de l’administration Bush, dont l’écho a été véhiculé dans le monde par divers modes de communication, y compris le cinéma et la littérature.

Qu’en est-il de ce danger? Que des groupes terroristes utilisent des ADM [Armes de Destruction Massive], cela ne fait aucun doute puisque ce scénario s’est déjà produit au Japon il y a une dizaine d’années. Pour autant, plus une arme a un potentiel destructeur plus elle est difficile à acheter, à obtenir, et surtout à manipuler. Or, les groupes terroristes, à moins qu’ils ne soient appuyés par des États, n’ont pas les ressources ou les moyens nécessaires pour se lancer dans des aventures extrêmement périlleuses susceptibles de compliquer une existence déjà fort compliquée. Surtout, les moyens classiques sont amplement suffisants pour les objectifs que les terroristes cherchent à atteindre ; On voit d’ailleurs avec le cas du 11 septembre que des ADM ne sont pas indispensables pour provoquer des destructions massives. Mais comme le terrorisme est un jeu d’échecs psychologique, le simple fait qu’un groupe clandestin parvienne à faire croire qu’il possède des ADM représente une victoire politique, ne serait-ce que parce que les États engagés dans la lutte anti-terroriste dépensent une grande partie de leurs ressources dans la prévention d’une attaque d’ADM. Dans le même ordre d’idées, plus un pays est préparé à faire face à une telle attaque, et moins un attentat terroriste aux ADM aurait d’impact sur la psyché collective.

En somme, le terrorisme de destruction massive est à la fois une réalité toute proche mais qui risque de rester dans le domaine du virtuel pendant encore un moment. Notons que dans l’histoire du terrorisme, les techniques ont très peu évolué depuis l’invention de la dynamite en 1867, pour la bonne raison que la force du terrorisme n’est pas de frapper fort mais en un point sensible où cela fait le plus mal – et en général où on s’y attend le moins – donc où il n’est pas nécessaire de posséder l’arme la plus sophistiquée. Gageons que l’imagination des terroristes se traduira plutôt par des choix de cibles nouveaux et surprenants plutôt que par le désir d’acquérir des armes de destruction massive.


Table des matières

  • Patrice SAWICKI, terrorismes, guerres et médias
  • Arnaud BLIN, définitions, questions et réponses sur les formes de terrorisme
  • Serge SUR, un mal qui répand la terreur
  • Julien FRAGNON, Médias et Politique face au terrorisme : la nécessité
  • d’une régulation